dimanche 11 novembre 2007

Témoignage du Québec : A lire, à méditer et à copier

Ce témoignage vient du Québec. C'est un peu le carnet de route d'un pasteur, Réjean Poirier, pèlerin sur le Chemin de Saint-Jacques de Compostelle depuis Saint-Jean-Pied-de-Port. Parti le 13 septembre pour une marche d'environ 850 kilomètres, l'homme de foi est rentré au Québec le 13 octobre dernier. Le 10 novembre, il a confié son enthousiasme à Geneviève Girard de l'hebdomadaire québécois Le Reflet.

« Au cours du voyage, j'ai compris ce que voulait vraiment dire décrocher, lance M. Poirier, les yeux brillants. Apprendre à vivre pleinement le moment présent, mais, surtout, le goûter et en apprécier chaque parcelle, voilà ce que j'ai vécu là-bas. (…) Quand est-ce que je prend le temps de ramasser des mûres ou d'entrer en aussi parfaite harmonie avec la nature à Montréal ? Jamais !, compare-t-il. Ce périple m'a permis de découvrir la réelle beauté dans la simplicité des choses.»

Plus encore, le long trajet a été pour lui une source d'émerveillement et une occasion de connaître l'autre. « Quand je dis l'autre, c'est autant les compagnons qui ont fait le périple avec moi que Dieu lui-même. Il est dans toutes les petites choses auxquelles je me suis attardé. La richesse de cette marche ne vient pas du nombre de kilomètres, mais bien de la diversité de ce qu'il y est possible de vivre, de voir et de sentir », explique le curé.

À raison de sept heures de marche quotidiennement, soit 25 kilomètres, M. Poirier a relevé le défi de parcourir la totalité du Camino Francès, l'un des trois itinéraires menant à la dépouille de Saint-Jacques, le but ultime de l'aventure.

Trois autres pèlerins progressaient avec lui sur les sentiers cahoteux et dénivelés. "On ne marchait pas toujours les uns à côté des autres, mentionne-t-il. Le pèlerinage nécessite beaucoup d'espace, de calme, de silence et de solitude. C'est de cette façon qu'on réussit à se centrer sur soi et à regagner une intériorité et un ressourcement bénéfiques. On se retrouvait donc au dîner ou le soir venu pour partager les faits saillants de notre journée.»

Développer sa capacité à avoir confiance en la vie et en l'avenir fait aussi partie des apprentissages qui ont particulièrement marqué le pasteur.

« On ne planifiait nos journées que trois ou quatre jours à l'avance grâce à des recueils spécialisés et des livres informatifs. Lorsqu'une auberge ne pouvait nous recevoir par manque d'espace, on se devait de trouver un plan B. De cette façon, la confiance et la sérénité devant les événements ont pris une place importante », rapporte celui qui reprendrait l'expérience avec joie si le temps lui permettait.

« Sans nécessiter les capacités physiques d'un athlète olympique, le chemin de Compostelle requiert tout de même une bonne forme et une connaissance pointue de ce qui nous attend en fait de parcours, admet l'homme de 59 ans. L'important est de toujours être bien au fait des messages que nous envoie notre corps tout au long des ascensions et des descentes.»

(source : “Le chemin de Compostelle, l'expérience d'une vie” par Geneviève Girard)

Aucun commentaire: